Discriminations à l'encontre des Tibétains - Appel Urgent Avril 2025
Cruauté extrême
Âgée de 25 ans, Namkyi a traversé l'enfer. Torturée, enfermée, persécutée. Libérée en 2018, la jeune femme a pris la décision de s’exiler, à la recherche d’une tribune. En 2023, elle gagne le Népal à pied. Depuis, elle témoigne aux quatre coins du monde. Cependant le régime chinois tente de la briser en s'en prenant à ses proches. Sa voix se casse et la tristesse assombrit son visage, quand elle en parle. Mais, affirme Namkyi, son combat dépasse son histoire, celle de sa famille. C’est l’existence de 6 millions de Tibétains qui compte.
Détention de Namkyi
Le 21 octobre 2015, indignées par une riposte gouvernementale violente au monastère de Kirti, Namkyi et sa cousine -elles ont alors 15 ans- organisent une manifestation dans le comté d'Aba, appelant à la liberté au Tibet. Elles y déploient une photo du Dalaï-Lama, prient pour sa longévité et son retour au pays. Elles sont aussitôt arrêtées, placées en détention, torturées plusieurs jours, battues, enfermées dans une pièce. Les radiateurs y sont réglés sur une température si élevée que les souliers s’emplissent de sueur. Question fielleuse des policiers qui ne supportent pas la fournaise: l’air dans la pièce est-il à leur convenance? Quand elles acquiescent, ils augmentent. Cela dure six jours, durant lesquels on les empêche de dormir. La jeune fille croit mourir et appelle la mort.
Avant de comparaitre, Namkyi est détenue 13 mois sans jamais voir sa cousine pourtant incarcérée dans le même complexe. Les vêtements légers fournis par le pénitentier ne sont pas adaptés à l'hiver tibétain: ses doigts et ses orteils s’ankylosent, gèlent. Le gruau de riz très liquide- où nagent des mouches et des vers- ne rassasie pas. Mais elle tient bon un an et demi. Sans cesse on lui demande des noms d’organisations auxquelles elle est liée, faisant miroiter une peine réduite, voire une libération. Toutes sortes de tactiques pour inciter à dénoncer d'autres personnes.
Le 23 novembre 2016, peu avant le procès, une procureure insiste pour que la jeune fille plaide coupable. Alors on la laissera partir. Mais elle se tait, écope de trois ans de prison pour trahison et activités séparatistes. Transférée en camp de travail pour femmes au Sichuan, elle est affectée à la fabrication de fils de cuivre de son lever, à 6 heures, aux alentours de 21h, parfois plus tard. Sa vue faiblit. La nourriture est souvent crue, abjecte. Mais elle note la tuméfaction du visage des „nouvelles“, à cause des adjuvants „bonne mine“ qui y sont mêlés. Des soins médicaux ne sont que rarement prodigués et, quand c’est le cas, avec des médicaments périmés.
Discriminations: un peuple dans le viseur
Les codétenues de Namkyi ont droit à des visites, mais non les Tibétaines. Son père supplie les autorités pénitentiaires qu'on lui accorde ce droit. Il l’obtient, mais seulement cinq minutes. Les gardiens interrompent la visite quand ils entendent parler tibétain. Or le père ne connait que cette langue...
Sa peine purgée, Namkyi a la sensation que seul son corps a quitté le camp, que chacun de ses mouvements reste épié sans relâche. Idem pour sa famille qui souffre. Elle pense que son départ pourrait préserver ses proches, que dans un pays libre, on écoutera la voix des Tibétains et entendra leurs souffrances, qu’on se lèvera pour défendre les droits humains, la justice et la vérité.*
Cinq jours après sa fuite, la jeune femme recoit un appel de ses parents que les policiers utilisent pour l’atteindre. Ses proches seront emprisonnés si elle ne plie pas. Effectivement, en 2024, après une conférence de presse de Namkyi, ses proches sont détenus plusieurs jours, sommés de supprimer le numéro de Namkyi. Son entourage élargi continue d'être harcelé. Mais Namkyi est déterminée à parler pour les Tibétains chaque fois qu’elle en a l'occasion.
La Région autonome du Tibet est une fiction juridique, Brandir un portrait du Dalaï-lama y est passible de dures sanctions. Plus de 6000 monastères furent saccagés pendant la révolution culturelle, des centres de formation (comme Larung Gar), évacués. Certes beaucoup ont été reconstruits, mais sous haute surveillance. Par ailleurs, les langue, religion, culture, et traditions tibétaines restent l’objet d’une suspicion permanente. À juste titre, le Tibet est qualifié de prison à ciel ouvert. La répression y évolue selon les aléas des campagnes politiques et les humeurs des dirigeants du pouvoir central. C’est aussi, à l’instar du Xinjiang voisin, une colonie de peuplement chinoise. En 1950, la RPC avait envahi le Tibet, puis établi et constamment affermi son contrôle sur ce pays, de facto indépendant depuis 1912. Depuis, les abus du gouvernement chinois ont dépasssé les frontières et contraint au silence les Tibétains en exil au Népal, notamment, et ceux de la diaspora des pays occidentaux, également ciblés.
Sources : La Libre Belgique, HRW, ONU, Central Tibetan administration
Pour en savoir plus :
https://www.youtube.com/watch?v=GY5RNB7fJFA