Détentions arbitraires, disparitions forcées, tortures et meurtres en Russie - Appel Urgent Mai 2025
Depuis 2014, l’Ukraine subit les agressions incessantes de la Russie. Territoires occupés, dévastés, villes détruites, enfants déportés, prisonniers de guerre gardés dans des conditions inhumaines, victimes de tortures, violences sexuelles et disparitions forcées.
Viktoria Roshchyna disparaît en août 2023 dans la région de Zaporijia. Quand la journaliste d'investigation ukrainienne de 27 ans peut enfin joindre ses parents au téléphone, un an s’est écoulé. Elle les assure de son affection, et de son retour imminent lors d'un prochain échange de prisonniers. Mais récemment, le parquet général d'Ukraine annonçait que la dépouille de la journaliste avait été identifiée ce 24 avril 2025 parmi d’autres corps de soldats ukrainiens, rapatriés en Ukraine en février. L'examen médico-légal révéla des signes de traitements inhumains, des ecchymoses, une côte cassée et des traces d'électrocution, d’abrasions et d’hémorragies sur différentes parties du corps. En octobre 2024, ses parents avaient reçu trois lignes laconiques annonçant sa mort au mois de septembre. Sans autre information sur les circonstances de ce décès. Une enquête des médias ukrainiens et internationaux a révélé que Viktoria Roshchyna a d’abord été détenue quatre mois à Melitopol, dans la région occupée de Zaporijia, au secret, torturée à l'électricité, puis transférée en détention provisoire à Taganrog, en Russie, antichambre de l’enfer où prisonniers de guerre ukrainiens et civils sont torturés.
Disparition forcée fatale
Ce 2 mai 2025 – soient cinq mois après son décès le 19 septembre 2024-, un test ADN, fiable à plus de 99 %, confirme l’assassinat de Victoria pendant sa captivité en Russie. À la demande de la famille, des experts étrangers sont mandatés pour conduire des examens complémentaires. Le parquet général ukrainien qui a signalé la livraison par la Russie de plusieurs dizaines de corps à la ville de Vinnytsia en février, n’a fourni aucune documentation, à l’exception d’une étiquette à l’orteil indiquant un patronyme : « Roshchyna».
Le 3 mars 2025, une association ukrainienne œuvrant pour les droits humains —Graty, Slidstvo.Info, Suspilne- et Reporters sans frontières ont retracé le périple de Viktoria Roshchyna de Enerhodar, près de Zaporijia -où elle a été arrêtée- jusqu’au centre de détention de Taganrog. L’autopsie a montré que Viktoria ne pouvait plus s’alimenter [ou s’y refusait], si bien qu’elle n’aurait plus pesé qu’une trentaine de kilos. Elle fut transportée sur une civière au dispensaire local, avant de finir au cachot de Tangarog où elle est aperçue pour la dernière fois le 8 septembre 2024.
Viktoria avait quitté l’Ukraine pour la Pologne le 25 juillet 2023. Via la Pologne, la Lituanie, la Lettonie. Son intention était de recueillir des informations sur les élections, illégalement tenues dans les territoires occupés, ainsi que sur l’impact de la destruction du barrage de Kakhovka pour les habitants de la région de Kherson, ou sur la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, minée par les troupes russes. Début octobre 2023, la famille signalait sa disparition et le parquet général ouvrait une enquête pour privation illégale de liberté, crime de guerre selon l’article 438 du Code pénal ukrainien.
Engagée en faveur des droits humains, Viktoria dénonçait non seulement la persécution de militants et de personnalités publiques, mais aussi les constructions illégales à Kiev, ou la destruction de parcs urbains et de bâtiments historiques. Depuis février 2022, elle documentait les nombreux crimes de guerre et les violations des droits humains, en particulier dans les territoires occupés. Rattachée plusieurs années à Hromadske, l’un des principaux médias ukrainiens, elle collabora avec Radio Liberty et Ukrainska Pravda. Le Courage in Journalism lui fut décerné en 2022 par l’International Women’s Media Foundation (IWMF).
Diverses organisations ont bien entendu documenté les nuisances et les crimes des forces d’occupation. En mars 2025, une enquête des Nations unies concluait que le recours à la torture et aux disparitions forcées constituait un crime contre l'humanité «dans le cadre d'une attaque généralisée et systématique contre la population civile [ukrainienne], et conformément à une politique étatique coordonnée».
Source : Reporters sans frontières